MSF France dans la guerre du nord-est du Nigéria (2015-2016)

Quelques peu intimidés par les questions sous-tendant la demande (« pourquoi n’avons-nous pas été plus clairvoyants, plus rapides, plus efficaces… ? »), nous avons collé à la demande initiale et cherché à produire une description chronologique aussi rigoureuse que possible des choix et du déploiement opérationnels de MSF. Notre ambition a été de reconstituer le point de vue et la logique des principaux responsables des opérations, en évitant tout jugement hâtif sur leurs attitudes et leurs décisions, tout en donnant au lecteur un maximum d’éléments pour qu’il se fasse son opinion.

Trois niveaux d’analyse ont été sélectionnés : celui du terrain (coordinateurs de projet, team leaders, coordinateurs d’urgence décentralisés), celui de la capitale (chefs de mission, coordination générale, coordinateurs d’urgence) et celui du siège (cellules, départements de support et directeurs impliqués). Soucieux d’éclairer les événements, les processus, les habitudes, les représentations ayant façonné les choix et l’action des équipes, nous nous sommes posé les questions suivantes :

1. Quelles ont été les grandes étapes de la crise du Borno aux plan politico-militaire, démographique (mouvements de population, mortalité, malnutrition, épidémies…), humanitaire (réponse locale et internationale), médiatique ? De quelles informations disposaient les équipes à quels moments ?

2. Comment a évolué la compréhension de la crise sur le terrain, en capitale et au siège de MSF OCP (sévérité, dynamiques, état de la réponse, etc.) ?

3. Comment ont évolué les objectifs et les activités déployées par MSF OCP ?

4. A quels obstacles internes et externes le déploiement opérationnel de MSF OCP s’est-il heurté et quelles ont été les initiatives pour essayer de les surmonter ?

5. Quels sont les résultats obtenus ? Quel jugement peut-on porter sur la pertinence et l’efficacité des différentes stratégies d’intervention adoptées par MSF à Maiduguri, Bama, Dikwa, Munguno ?